De Gaulle sous le casque: Abbeville 1940 by Henri de Wailly

De Gaulle sous le casque: Abbeville 1940 by Henri de Wailly

Auteur:Henri de Wailly [Wailly, Henri de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 1990-01-02T00:00:00+00:00


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L’ODEUR DE LA VICTOIRE

Dans l’obscurité qui s’étend, la foule mélangée des combattants français se presse sur la route d’Huchenneville. Évacuations, ravitaillement et mise en place ne sont pas terminés.

En colonne, les vingt chars R-35 du commandant Libmann ont quitté Villers pour la nuit : « Pour faire les 2 ou 3 km qui nous séparent d’Huchenneville, il nous faut une bonne demi-heure, notera Doutreleau. Cette route est une tour de Babel. On y voit de tout : artillerie, biffe, chars lourds. Même un groupe de prisonniers allemands enchaînés, si l’on peut dire, à la ficelle. Nous nous arrêtons près d’un carrefour, à proximité de chars stationnés dans le bois des Hétroyes. On aperçoit le lieutenant Leclerc, le front en sang, impressionnant. Il est tombé d’un side.

« Peu après, l’endroit devient malsain : pilonnage méthodique de 105 et de 77 qui sifflent, tout proches. Dans les bois une bâche tendue entre deux chars couvre si bien notre salle à manger qu’une bougie ose éclairer les lieutenants Leclerc, Vignon, Bardel, Noblet et leurs mécaniciens... On boit, on mange. A chaque passage de 105, instinctivement, tout le monde courbe l’échine. »

*

Des 9 chars B1-Bis partis ce matin à l’attaque, 4 ont été détruits, 5 sont réparables, 3 seulement demeurent en état de combattre : le Condé, le Jean-Bart, le Vercingétorix. Vers 20 heures, les chars reçoivent l’ordre de regagner Huchenneville, le P.C. de Sudre. Les voici. Menet raconte :

« Ce P.C. est une vaste pagaille. Le capitaine Mousquet, qui coordonnait pratiquement toute la 6e demi-brigade, vient d’être blessé. Affolement total. Tout le monde discute. Le commandant Petit refuse de prendre le commandement des chars restants, sous prétexte qu’il reste davantage d’engins du 46e bataillon que du 47e, le sien ! Finalement, après beaucoup de tergiversations, on décide de laisser pour la nuit ma section de garde devant le château, les autres se repliant derrière, dans un bois. Pratiquement ils rouleront toute la nuit, ordres et contrordres se succédant.

« Je place mon char dans le portail. Un autre prend position face au nord, le troisième est devant moi. Au moment de cette mise en place, un feu violent s’abat. Le lieutenant-colonel Sudre décide de déplacer son état-major pour la nuit à 1 500 mètres en arrière. Il est 21 h 30.

« Nous montons en voiture. A cet instant, le tir s’abat sur nous, raconte Laude. Nous nous plaquons sur le talus. Pendant 20 mn, les obus éclatent. Nous sommes arrosés de cailloux. Enfin ce tir cesse : nous partons. Dans l’obscurité totale nous roulons très lentement. On se range un peu au hasard ; nous allons dormir quelques heures en chars ou en voitures.

« Triste journée. Malgré les efforts déployés, les objectifs n’ont pas été atteints. Malgré une progression profonde, le mont de Caubert n’est pas à nous et les passages de la Somme ne sont pas sous nos feux.

« La journée a permis aux équipages de faire à nouveau preuve de cran et ce n’est certes pas de leur faute si, en définitive, on aboutit à un échec105.



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